jeudi 12 mars 2015

Et je danse, aussi

Auteurs : Jean-Claude Mourlevat & Anne-Laure Bondoux
Année d'édition : 2015 (mars)
Edition : fleuve edition
Nombre de pages : 280
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Retiré dans la Drome et esseulé depuis le départ inexpliqué de son épouse, Pierre-Marie reçoit un jour une épaisse enveloppe contenant un manuscrit envoyé par l'une de ses lectrices, Adeline. Sans ouvrir le pli, il lui répond. Une correspondance s’engage, en cette année 2013, qui durera huit mois, de février à octobre. Au fil de leurs échanges, un lien intime s’établit. Ils composent librement, avec leur réalité, leur personnalité, leurs zones d'ombre. Ils s’inventent une vie. Car la leur s’est arrêtée quelques années plus tôt. Pierre-Marie et Adeline ont en effet une histoire en commun, mais qui ne leur appartient pas, et dont Pierre-Marie ne sait rien encore. Le mystère reste prisonnier de l’enveloppe expédiée par Adeline. Plus les lettres se précisent, plus elles effleurent la vérité qui dort dans ces pages… et des personnages depuis longtemps oubliés reprennent vie et entrent dans la danse.

Je remercie Fleuve Edition et le forum Mort Sûre pour ce partenariat.

Lorsque je me suis lancée dans cette lecture, je dois dire que je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi... actuel. La quatrième de couverture parlait d'échange épistolaire et de mystères reliant les personnages. Je crois que du coup, je m'attendais à quelque chose d'assez romancé. Au final, on est loin de cet aspect romancé, on se retrouve plus face à ce que j'ai envie d'appeler du style "faits divers". Pas dans un sens négatif, mais dans un sens "vie réelle" (même si ce roman n'est pas une biographie/autobiographie).

Tout ça pour dire que ce roman m'a quelque peu déstabilisée. L'échange épistolaire est en fait un échange de mails, et les auteurs en ont volontairement enlevé le côté "posé" que peut avoir une correspondance par lettres pour lui donner un aspect plus brut, plus instantané. Je pense que ce style actuel plaira à bon nombre, mais en ce qui me concerne je l'ai un peu regretté. Je suis plutôt de la vieille école, ce que j'aime justement dans un échange épistolaire, c'est qu'il laisse le temps de réfléchir à ses propos, de se relire, d'amener les choses proprement. Dans "Et je danse, aussi", les personnages utilisent parfois de très belles expressions, font de très belles descriptions, mais la majorité du temps j'avais l'impression que leurs mails sonnaient un peu faux. Soit parce qu'ils étaient trop spontanés, soit au contraire parce qu'on sortait de cette spontanéité pour soudain passer à de longues explications. Ce mélange mal équilibré m'a un peu trop donné l'impression de voir les auteurs tirer les ficelles derrière, tantôt pour créer volontairement le mystère (ex : un personnage parle à peine d'un évènement avant de dire "mais je vous en parlerai peut-être en détail une autre fois"), soit pour le maintenir ("Non, non, je ne veux pas vous en dire plus."), soit pour décider enfin de le lever ("Je ne sais pas pourquoi, ce soir je me sens d'humeur à vous raconter ce qu'il s'est passé ce jour-là"). (Ce ne sont pas des citations exactes du roman, mais un équivalent de ce que j'ai eu l'impression de lire.)

"Et je danse, aussi" raconte des faits en apparence banals : un écrivain qui ne trouve plus l'inspiration depuis que sa dernière femme a mystérieusement disparu, mais qui profite encore de toute sa tribu familiale ; une lectrice qui par les aléas de la vie s'est retrouvée à avoir l'impression d'être enfermée dans un trou perdu, et de devoir tout changer à sa vie pour recommencer à vivre. Le roman parle de famille, de couple, de naissance, de mort, de divorce, de remariage. De la vie d'aujourd'hui, voilà tout. Le mystère qui plane, c'est le lien qui unit Pierre-Marie et Adeline. J'espèrais que ce mystère et sa révélation mettraient de la magie dans l'histoire de Pierre-Marie et Adeline. Mais ce n'est pas le cas. On reste sur du "fait divers" pur et dur.

"Et je danse, aussi" n'a donc pas correspondu à mes attentes et aux lectures que j'aime (celles qui permettent de s'évader du quotidien et de rêver). Toutefois, il a quand même su m'émouvoir (et même me faire verser une petite larme), et m'accrocher au mystère qui porte une bonne partie de l'histoire. Les plumes des deux auteurs sont vives et agréables. Et je pense que c'est un roman qui plaira beaucoup à tous les lecteurs qui affectionnent le contemporain "quotidien". Pas un coup de coeur pour moi, donc, mais je pense que c'est simplement parce que je ne fais pas partie du bon public pour ce roman.

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