mercredi 22 août 2018

Calame T1, Les deux visages, de Paul Beorn

Auteur : Paul Beorn
Année d'édition : 2018
Edition : Bragelonne
Nombre de pages : 450
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture : Après un an de guerre civile, la rébellion contre le "Roi Lumière", le tyran de Westalie, est écrasée dans le sang. Son chef légendaire, Darran Dahl, est tué, ses partisans dispersés ou jetés au cachot.
Parmi eux, la jeune Maura, sa lieutenante. Le célèbre légendier D’Arterac lui propose un marché : son exécution sera suspendue le temps qu’elle lui raconte la véritable histoire du chef rebelle, ce mystérieux guerrier aux origines obscures, que l’on prétendait indestructible.
Mais profitant de ce sursis, Maura prépare peu à peu son évasion pour reprendre la lutte…
Voilà longtemps que je n'avais plus fait de chronique sur ce blog, n'ayant plus le temps de recevoir des services presse. Mais là, je me suis dit qu'il fallait que j'en fasse une. Parce que ce roman est complètement desservi par sa couverture et son (ses) titre, alors que c'est une PUTAIN DE PEPITE de la fantasy !
Vous l'aurez compris, ce roman a été un coup de coeur pour moi et cette chronique a pour but de vous le faire connaître. En espérant qu'elle vous donnera vraiment envie de vous plonger dedans. ;)

Commençons d'abord par ce qui fâche : j'ai nommé la couverture et le choix des titres. Sérieusement, j'en veux à Bragelonne sur ce coup-là. Parlons d'abord de la couverture. Elle n'est pas mal faite, hein, l'illustrateur a un joli coup de crayon et elle annonce au moins qu'il s'agit d'un roman de fantasy. Mais à mes yeux (et les copines avec qui j'en ai parlé pensent pareil), elle n'a rien d'attirant. Un guerrier, une cité médiévale, une femme à cheval vue de loin... Sérieux, Brag', vous osez encore fait des couvertures de fantasy aussi peu intrigantes ? Alors que vous êtes capables de nous sortir de très belles couvertures comme celles des Epées de Glace (et pourtant j'ai laissé tomber ce roman au bout de trois chapitres tant je l'ai trouvé cliché -_- Y a pas de justice au monde de l'édition.) Et puis, c'est quoi ces couleurs pastels en vert et bleu ? Dans le genre "je veux pas attirer l'attention", on fait pas beaucoup mieux. :/
Quant aux titres, une fois qu'on a lu l'histoire, on comprend pourquoi ils ont été choisis. Mais c'est bien là le problème. Une fois qu'on a lu le roman. Avant ça, ils n'évoquent pas grand chose. Calame pourrait être évocateur, mais en fait ça ne correspond pas à ce à quoi vous pourriez penser (ça correspond à un truc super chouette dans le roman pourtant, mais pas vraiment au fait d'écrire, en tout cas pas au sens propre). Quant à "Les deux visages" ? Paul, je sais que tu n'aimes pas mettre des termes tirés de ton univers dans tes titres de roman, mais sérieusement "Les deux visages de Kàn" auraient eu une petite chance de m'intriguer plus, à tout prendre. Et en vérité, y avait des choix plus sympas dans les titres que tu nous avais soumis pour avis sur Cocy. Comme "La marque des mages". Peut-être pas très original pour de la fantasy, mais au moins ça aurait fait son boulot évocateur. En tout cas, personnellement, ça m'aurait attiré bien plus...

Passons maintenant à pourquoi vous devez lire ce roman !
Si je suis passé outre un emballage qui pour un autre m'aurait rebuté, c'est parce que Paul Beorn est un auteur que j'apprécie, notamment depuis ma lecture de son précédent roman de fantasy "Le septième guerrier mage" (qui avait aussi été un de mes coups de coeur). Et puis, s'il y a un truc sur lequel Brag' ne s'est pas trop raté pour ce premier tome de Calame, c'est la quatrième de couverture. Pour le coup, je l'ai trouvée intrigante et au final le livre tient tout à fait les promesses qui y sont faites. :)
Je me demandais comment Paul Beorn allait relever le défi de raconter une histoire dans l'histoire (le récit que Maura fait au légendier D'Arterac). Et bien, avec brio ! C'est avec un naturel troublant (je ne pensais pas que narrativement parlant ça pouvait passer aussi bien) qu'on bascule dans le récit fait par Maura des évènements passés. On les découvre par ses yeux et sa voix, puis par petites touches à travers le témoignage d'autres personnages. Et ce récit a posteriori, c'est le véritable coup de génie de ce roman ! Si Paul Beorn avait raconté les évènements qui amènent à la rébellion de Darran Dahl de manière classique, le roman aurait connu un démarrage lent et mou, peu accrocheur. Comme en pâtissent d'ailleurs beaucoup de romans de fantasy. Mais ici, on connait le point d'arrivée du récit de Maura, et ça change tout. Parce que d'un coup, on ne s'intéresse plus à ce que vont vivre les personnages, mais à comment ils en sont arrivés là (i.e. rebelles ayant perdus leur dernière bataille et leur chef légendaire). Ce qui projette un éclairage très différent sur tout ce que nous raconte Maura. Dès le début du récit, des questions planent (comment de simples villageois sont devenus le coeur d'une armée révolutionnaire ? comment Maura, si jeune, est-elle devenue le bras droit de Darran Dahl ? pourquoi en sont-ils arrivés à s'attaquer à la capitale impériale ? etc.). Et les réponses à ces questions, on les guette dans chaque partie du récit de Maura.
L'autre force de ce roman, c'est l'alternance entre passé et présent. Car le présent est tout autant porteur de tensions, voir plus, que le passé. Plus le temps passe et plus on s'inquiète de savoir si Maura réussira à s'échapper. Mais on s'attache aussi au légendier et au secret qu'il porte. Et on finit par comprendre que le passé n'est qu'un prélude. L'histoire ne s'arrêtera pas à la prison de Frankand.
J'ai aussi adoré les magies qui apparaissent dans ce roman. On ne les découvre que peu à peu, mais quand j'ai fini par comprendre vraiment de quoi il retournait, vers la fin du roman, j'ai trouvé l'idée tout à la fois simple et géniale (surtout pour le calame, même si la magie de Maura est aussi très chouette).

En conclusion, ce roman fait dans la fantasy classique, mais ce n'est nullement un reproche. C'est de l'excellente fantasy épique. On y retrouve tout ce qui fait la saveur de ce genre (du combat, des héros, de la magie sous différentes formes, un tyran à abattre,...). Mais Paul Beorn ne tombe jamais dans les clichés. Il sait donner vie et profondeur à ses personnages et à son univers, avec une saveur particulière. Calame est de ces romans dans lesquels on plonge et qu'on ne voudrait pas avoir à quitter tant on devient familier des personnages et du monde dans lequel ils évoluent.
Il semblerait que ce roman peine à trouver ces lecteurs (Bragelonne s'est aussi raté sur la campagne de lancement -_-). Tout ce que je lui souhaite, c'est que le bouche à oreilles fonctionne ! Et aussi, d'être sélectionné pour des prix (et les gagner !) afin d'obtenir la notoriété et la visibilité qu'il mérite. :)

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