Auteur : Christophe Lambert
Année d'édition : 2014
Edition : j'ai lu
Nombre de pages : 288
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Avril 1961. Le président Kennedy retient in extremis le débarquement des troupes antirévolutionnaires à Cuba : le fiasco de la Baie des Cochons n'aura pas lieu. Quelques mois plus tard, mieux préparés militairement, les Américains parviennent à envahir l'île et à renverser le régime castriste. Le Líder Máximo et ses troupes se retranchent dans les montagnes imprenables de l'Escambray, et la guérilla reprend.
Ernest Hemingway, qui ne s'est pas suicidé au cours de l'été 1961, voit là une occasion unique de réaliser le scoop de sa vie : une interview de Castro et Guevara in situ. Accompagné par un faux photographe/véritable garde-chiourme de la CIA, cigare entre les dents et fusil en bandoulière, l'auteur de Pour qui sonne le glas reprend les sentiers de la guerre...
Même si la rencontre ne s'est pas faite, je tiens à remercier le forum Mort Sûre et les éditions J'ai Lu pour ce partenariat.
"Aucun homme n'est une île" est une uchronie à court terme, basée sur deux hypothèses : les américains ont réussi à débarquer à Cuba et à forcer Fidèle Castro à repartir dans la forêt ; et Hemingway ne s'est pas suicidé juste avant et à décider d'aller interviewer Castro en tant que reporter de guerre. L'histoire du roman se déroule donc juste après la "bifurcation historique" par rapport à la réalité. La narration suit en alternance deux fils différents : Hemingway d'un côté, les guerilleros de l'autre (Castro, Che Guevara...). Le tout dans une ambiance de pays occupé.
A la base, le contexte historique de ce roman ne fait pas partie de ceux qui m'attirent le plus. J'ai toutefois postulé pour ce partenariat pour deux raisons :
- J'avais entendu parlé de l'auteur, Christophe Lambert (pas l'acteur, l'écrivain), en bien.
- J'ai déjà eu l'expérience de romans où l'histoire et la plume de l'auteur ont réussi à me réconcilier avec des périodes qui ne me plaisaient pas du tout a priori ("Black Out", par exemple).
Je me disais donc "Ce n'est pas un roman vers lequel j'irais naturellement dans une librairie, mais c'est peut-être justement l'occasion de faire une belle découverte en sortant de mes sentiers battus".
Eh bien, pour le coup... raté.
Je n'ai même pas réussi à aller jusqu'au bout. Tout juste ai-je dépassé les 100 premières pages, et donc le tiers du roman. J'ai essayé plusieurs fois de m'y replonger, espérant que l'histoire finirait par m'agripper et me donner envie de le lire jusqu'au bout. Mais systématiquement, au bout de quelques pages, j'avais envie de le reposer.
Cela tient essentiellement au style de l'auteur. Je l'ai trouvé très froid, très sec. Je ne me suis pas retrouvée plongée dans les ambiances qu'il décrivait, et je suis encore moins entrée en empathie avec les personnages. Voir même, pour le personnage de l'agent de la CIA, je n'y ai pas cru du tout.
Certains dialogues sont caractéristiques de ce style sec et impersonnel. Voici un extrait du dialogue de la rencontre entre Hemingway et Robert Stone (l'agent de la CIA qui doit se faire passer pour un photographe auprès d'Hemingway) :
- Alors, c'est vous le photographe ?
- Oui, c'est moi.
- Vous avez travaillé pour qui ?
- Un peu tout le monde.
- Mais encore ?
- Life Magazine.
- Vous connaissez Sam Shaw ?
- Je l'ai croisé.
- Shaw est un sacré bon photographe.
- Il est très bon, acquisça Robert Stone, mal à l'aise.
[...]
- Vous êtes arrivé quand, monsieur Hooper ?
- Hier.
- C'est votre première fois à La Havane ?
- Oui.
- Et vous trouvez la ville comment ?
- Jolie.
Stone est censé se faire apprécier de Hemingway. Quand j'ai lu ce dialogue, j'ai eu de gros doutes sur les compétences de Stone... Et, de manière logique, Hemingway ne croit pas du tout qu'il soit photographe, et ne l'apprécie pas.
Un autre petit élément qui a eu le don de m'énerver à chaque fois que je le trouvais, c'est que l'auteur appelle tout le temps son agent de la CIA "Robert Stone", en utilisant le nom en entier. Alors que pour ses autres personnages, il utilise tantôt le nom, tantôt le prénom, tantôt le surnom lorsqu'il existe. Déjà que "Robert Stone" a une sonorité dure je trouve, le retrouvait répété régulièrement me sortait complètement de la lecture, car celle-ci n'était plus fluide.
Les scènes du côté des guerilleros étaient un peu plus agréables à lire, plus fluides. Toutefois, arrivé au tiers du roman, il ne se passait toujours rien ou presque. A part quelques discussions philosophiques entre Che Guevara et un caméraman de sa troupe, l'auteur ne nous fournissait guère de choses à nous mettre sous la dent. Et Hemingway ne semblait pas prêt d'arriver à rejoindre les guerilleros pour faire ses interviews.
N'arrivant pas à identifier vers quoi le roman voulait m'emmener, sans fil rouge pour me tirer vers l'avant, et avec un style de narration qui ne m'emportait pas du tout dans l'histoire, j'ai fini par abandonner.
Je suppose toutefois que les lecteurs qui apprécient le style de Christophe Lambert (et vu la carrière de cet auteur, ils doivent existaient en nombre) apprécieront cette uchronie qui me parait très bien documentée. Les détails historiques sur les personnages et les lieux sont nombreux et peuvent apporter une saveur particulière à ceux qui apprécient cette période de l'Histoire.